Le peuple français réclame aujourd'hui plus de démocratie, et surtout plus de démocratie directe. La démocratie représentative n'a plus la cote et il y a de bonnes raisons à cela :
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Aucun des trois présidents de la république précédents n'a réellement mis en œuvre la politique pour laquelle il avait été élu. Une fois en fonction, nos gouvernants concilient leurs promesses électorales avec les réalités économiques et géopolitiques, se montrent dogmatiques ou opportunistes, se préoccupent de laisser une trace dans l'histoire et d'être réélus et n'écoutent plus la population, sauf descente dans la rue massive et bruyante (et encore...).
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Les candidats à la députation ne s'engagent pas sur un programme précis mais seulement sur de grandes et vagues idées maîtresses, sur l'appartenance à un mouvement ou un parti politique (qu'ils trahissent, pour certains, à la moindre difficulté ou opportunité...) et ne rendent que peu de comptes à leurs électeurs.
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Lorsque la politique menée par le gouvernement n'est plus approuvée majoritairement par la population (les sondages le montrent sans délai ni ambiguïté aujourd'hui), la constitution prévoit quatre portes de sortie de crise, applicables selon la gravité de la situation :
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le remaniement ministériel, avec changement de premier ministre,
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le référendum,
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la dissolution de l'assemblée nationale,
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la démission du président de la république, avec intérim assuré par le président du sénat.
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Actuellement, ce ne sont pas les institutions qui font défaut mais leur mise en œuvre par le président de la république actuel (comme c'était déjà le cas pour son prédécesseur). Très clairement, au stade où nous en sommes aujourd'hui, avec 7 français sur 10 mécontents de la Sa Majesté Macron Ier et conscients que le monarque républicain refuse obstinément d'écouter son peuple sur des sujets majeurs (fiscalité/dépense publique – immigration – laïcité – citoyenneté ), le président aurait dû dissoudre l'assemblée nationale et provoquer des élections générales, quitte à ne plus avoir de majorité et laisser gouverner un premier ministre d'opposition, voire de démissionner.
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En ce début d'année, pour en finir avec les revendications des « gilets jaunes », E. Macron tente d'organiser un « grand débat national ». Mais la Macronie veut choisir les sujets et exclure ceux qui ne lui conviennent pas (Immigration – Mariage pour tous – PMA …) ! La démocratie, oui, mais dans les limites de la pensée unique. Bien sûr !!!
Alors, faut-il que les citoyens se battent pour imposer le R.I.C (Référendum d'Initiative Citoyenne) ? J'y suis favorable sur le principe. A l'heure où l'information est omniprésente, immédiate et universelle, où les moyens d'expression sont accessibles et multiples, où la mondialisation réduit les libertés individuelles et mine les classes moyennes, il serait raisonnable que le peuple prenne enfin les rênes de sa destinée.
Toutefois, j'avoue quelques réticences. Si le procédé fonctionne parfaitement en Suisse, n'en déplaise à certains journaleux de la pensée unique socialo-bobo, horrifiés qu'il permette aux citoyens helvètes de refuser l'immigration massive, le bon peuple de France n'a pas tout à fait la sagesse de nos amis suisses... Il suffit pour s'en convaincre de parcourir les très nombreuses pétitions en circulation sur Internet. Beaucoup de mes compatriotes prennent positions sur les sujets proposés sur le coup de l'émotion, sans véritable analyse, sans vérifier les faits exposés, sans évaluer les éventuelles conséquences néfastes, souvent sous l'influence de démagogues, de manipulateurs. Par ailleurs, le référendum est un outil piégé car le choix du périmètre traité, le contenu et la formulation des questions posées donnent ou refusent au peuple de statuer réellement et complètement sur le sujet traité.
Finalement, considérant que nos élus sont autant capable de se fourvoyer que les citoyens ordinaires, et qu'un peuple souverain est en droit de faire ses propres erreurs, quitte à ce qu'il en paie le prix, je pense qu'il faudrait effectivement instaurer le R.I.C en mettant en place quelques gardes-fous. Par exemple :
- un maximum de quatre référendums par an,
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l'initiative d'une telle consultation devant être portée par au moins 2 millions de citoyens-électeurs qui s’entendraient sur la formulation de la (ou des) question(s) (voire 5 millions pour une évolution constitutionnelle),
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le référendum devrait être approuvé uniquement si plus de 50% des électeurs inscrits se sont exprimés (votes blancs ou nuls compris),
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sur le plan de la révocation des élus, un R.I.C ne pourrait demander que la démission d'un gouvernement ou la dissolution de l'assemblée nationale. Sinon le procédé serait beaucoup trop dangereux pour la démocratie.
Il y a urgence. La Macronie envisage des réformes qui pourraient bien mettre dans la rue une très grande partie de la majorité silencieuse : entre autres la diminution des pensions de réversion et l'augmentation de la taxation des héritages pour les descendants directs...