
Il est sans doute temps de prendre définitivement la mesure des problèmes posés par le nucléaire civil. Après les catastrophes de Three Mile Island (USA) en 1979, incident de niveau 5 (sur 7), de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, niveau 7, et de Fukushima (Japon) en 2011, niveau 7, il est en effet temps d'admettre qu'un événement de ce type peut également intervenir sur le sol français.
Même si la sécurité de nos installations nucléaires est prise très au sérieux, les centrales restent très vulnérables et les sources de risques nombreuses :
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événements sismiques inhabituels (Fessenheim, Bugey, Saint-Alban, Cruas, Tricastin),
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événements climatiques hors normes (très grande sécheresse par exemple),
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vieillissement des installations,
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erreurs humaines (fabrication, maintenance, conduite des installations...),
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actes terroristes,
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risques informatiques.
Imaginons les dégâts sanitaires et économiques d'un incident de ce type sur un pays aussi petit que le nôtre. L'ensemble de la population pourrait être touché par la radioactivité à des degrés divers, et un territoire mort d'au moins 3000 km2 serait créé pour des centaines d'années, soit le 180e de la superficie de la France métropolitaine, exigeant un déplacement définitif de population de plus de 350 000 personnes.
Le coût réel de l'énergie nucléaire doit également être pris en compte. Les coûts de traitement des déchets radioactifs et du démantèlement des centrales ont jusqu'ici été négligés ou sous évalués.
Bien sûr, d'un point de vue financier, ou dans le cadre de la production d'énergie, la France ne peut stopper brutalement ses cinquante huit réacteurs. Aussi, nos gouvernants doivent œuvrer sans délai à :
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rendre la chaîne de décision étatique et l'ensemble des acteurs physiques de la filière nucléaire juridiquement et financièrement responsables de tout incident non mineur, de tout manquement pouvant conduire à un incident de ce type,
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bunkériser et sécuriser militairement les installations nucléaires,
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assurer un contrôle strict et permanent sur les intervenants des installations, notamment en sous-traitance,
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mettre en place un calendrier de fermeture et démantèlement des réacteurs actuels, sur 25 ans par exemple, avec remplacement en faible partie par des réacteurs EPR (technologie réputée 10 fois plus sécurisée – ou technologies plus récentes) et pour l'autre partie par des productions d'énergies renouvelables,
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Finaliser enfin un projet de stockage final des déchets nucléaires, sur des sites également bunkérisés.
Il y a urgence... Chaque jour qui passe nous rapproche d'un incident probable aux conséquences monstrueuses.